Accéder à la propriété est-il encore souhaitable ?

Devenir propriétaire : voilà qui ne ferait pas rêver un marxiste, un soixante-huitard ou un citoyen du XXIe siècle doué d’un sens aigu de la méditation et tremblant à l’idée de devenir l’esclave de ses propres possessions. 

LA PROPRIÉTÉ FONCIÈRE EST UNE DÉPENSE SOCIALE

Cette crainte, valable pour à peu près toute la société de consommation, ne fonctionne cependant pas pour l’immobilier. Elle ne s’élève pas ici contre une valeur politique, mais contre  besoin vital : celui de se loger ou de rester logé dignement lorsque surviendront les périodes d’inactivités, voulues ou subies, propres à notre époque : emploi précaire, chômage, arrêt maladie prolongé, retraites aux rémunérations incertaines, dépendance.

L’accession à la propriété est sans doute le seul poste budgétaire programmé pour provoquer à terme sa propre disparition. On n’atteint pas la satiété alimentaire, sanitaire ou mobile… mais on peut s’affranchir du poste budgétaire le plus élevé de nos budgets contemporains, celui du loyer. Ce n’est pas un choix politique égoïste, c’est une opportunité exceptionnelle.

MAIS EST-CE LA SEULE SOLUTION POUR ÊTRE DÉFINITIVEMENT A L’ABRI ?

L’on entend, à juste titre, que les prix de l’immobiliers et les modes de vies contemporains, volubiles, justifieraient de préférer d’autres investissements tout aussi capables de générer l’équivalent d’un loyer après avoir atteint leur maturité.

Charge à ceux qui le défendent de montrer la sécurité des placements qu’ils proposent. D’un logement dont le prix s’effondre, il reste toujours un toit. Accéder à l’immobilier ne sert pas à s’enrichir mais à sécuriser.

Il garanti sécurité pour soi et pour ceux qui viendront après nous et porteront notre nom. Il offre même, en prime, de devenir un projet au-delà d’un besoin, la chaleur d’un foyer qui nous façonnera bien plus que nous le façonneront.

Pour mille et une raison l’accès à la propriété est devenu marathon administratif et financier : exigences bancaires renforcées, prix démesurés, fiscalité contraignante. Alors ? Un marathon se prépare. Il offre de s’interroger vraiment sur son lieu de vie, ses priorités budgétaires, ses dépenses essentielles, ses objectifs d’épargne, ce pour quoi l’on travaille.