
Le sens de l’argent
Pour le principe et la destination
Il ne viendrait à l’idée d’aucune personne sensée – ou structure responsable – de laisser le bien-nommé « nerf de la guerre » voguer sans défense ni stratégie à la merci de la providence seule. Pourquoi ?
D’abord pour le principe. L’argent reflète le travail accompli pour le gagner. Il est le miroir de nos efforts ; le laisser à la merci des aléas serait lui faire insulte. Préserver son argent signifie respecter ce qui, en nous, a versé de la sueur et du temps pour pouvoir le gagner.
Pour la destination, ensuite. L’argent n’est pas une fin en soi. Il est la possibilité d’autre chose ; non pas seulement vivre, mais vivre mieux, faire des projets, croire en l’avenir. Imaginer, vouloir, y croire, travailler pour. Préserver son argent signifie respecter ce qui, en nous, a trouver l’envie de vouloir le gagner : l’espoir.
Principe et destination sont les sources du sens. Sans défense ni stratégie, l’argent s’évapore et ne porte aucun fruits. Il vide le travail de son sens. Il frappe les êtres de la pire des misères, l’absurde, l’effort inutile et vain.
Une stratégie à mettre en place
Si l’Etat dispose d’une direction de 200 hauts fonctionnaires entièrement consacrés à la confection du budget national, d’une inspection des Finances et d’une cour des Comptes ; si les grandes entreprises disposent de contrôleurs de gestion et d’un service d’audit ; si les plus riches ont un conseiller en gestion de patrimoine, un notaire de famille ou un avocat fiscaliste, ce n’est pas parce qu’ils ont beaucoup d’argent à gérer et que cela demande du personnel.
C’est parce qu’ils jugent que cela le vaut bien : l’argent dont ils disposent est la reconnaissance du travail accompli et l’attente palpitante des objectifs qu’il poursuit.
Quel que soit son statut
L’Etat, les entreprises, les « riches » : tous ont leur propre expert, sauf la majorité d’entre nous, les salariés, employés, agents, cœur productif de la France. « On gagne peu, qu’il y a-t-il à gérer ? » n’est pas une remarque satisfaisante.
On vient de le dire, ce n’est pas la quantité d’argent qui déclenche le besoin de l’organiser, c’est la valeur qu’on lui donne, c’est l’attention qu’il mérite.
Que l’on gagne moins de 1 800 € par mois comme un salarié sur deux, ou les millions d’un dirigeant du CAC 40, on est chacun aussi riche de sens si l’on sait pourquoi l’on se lève le matin.
Le sens fait notre humanité et à ce titre, gérer son argent quelle qu’en soi la quantité n’est pas un luxe : c’est une nécessité.